
C’est avec grand plaisir que l’association
La Belle Epoque [Arts Contemporains]
Vous invite à l’exposition
LA TROISIEME MAIN
Peintures, dessins, volumes et estampes de
MARCEL LUBAC
accompagnés par des textes de Charles Pennequin
VERNISSAGE LE SAMEDI 25 MARS DE 16h30 à 21h.
L’exposition se déroule à L’isolée (galerie de La Belle EPoque), 17 Chemin des Vieux Arbres à Villeneuve d’Asc.
Elle est visible du 25 mars au 6 mai les vendredi et samedi de 15h à 18h30 ainsi que sur rendez-vous en nous contactant au 06.09.96.71.47 ou labelle.epoque@free.fr

Pour vous rendre à la galerie :
- en voiture : Parking V2, Hôtel de Ville ou Ecole d’architecture
- en train : la gare de 4 cantons
- en métro : Station Hôtel de Ville, entrer dans V2 puis première sortie à droite et faire 20m.

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Nous venons tous du paysage.
Nous venons tous du paysage. Nous ne sommes pas enfermés dedans. Nous nous voyons venir depuis lui. Depuis les dedans de ce paysage. Depuis tous les paysages nous nous voyons arriver dedans. Nous ne savons pas vraiment lequel nous a fait naître. Il y a plein de paysages différents et nous sommes tous différents dès la naissance de tel paysage. Nous différons de tous les paysages. Il n’y a pas un paysage qui nous ressemble trait pour trait. Tous les paysages sont différents et nous sommes tous différents dedans. Rien ne nous ressemble et pourtant nous venons depuis ceux-là. Depuis ces traits-là. Nous nous reconnaissons trait pour trait. Nous sommes noyés dans ces lignes-là. Ce sont nos lignes. On les reconnaît puisque nous sommes couchés dedans. Enveloppés dedans. Nous sommes roulés dans le paysage qui n’est jamais le même et qui pourtant nous ressemble. Qui roule depuis nos lignes. D’un trait à l’autre nous nous voyons. Nous ne savons pas lequel des paysages nous a fait naître en premier. Il a fallu plusieurs naissances. Il nous a fallu venir d’un tas de lieux. Car c’est avant tout le lieu même qui interroge notre venue. Nous venons de quel lieu exactement. Qu’est-ce qui m’a fait naître en ces lieux. Pourquoi tel paysage a poussé en moi au fur et à mesure que j’évoluais. J’évoluais ici et puis là. J’ai été nourri par cet horizon et puis par cet autre. J’ai été gavé d’horizons. Ce n’était pas que mon horizon. C’était l’horizon de plein d’autres qui n’y sont pas forcément nés. Qui n’y sont pas forcément venus non plus. Pas encore. Nous ne sommes pas nés dans les horizons de toute façon. Nous ne sommes pas nés là-bas mais en les regardant d’ici. C’est en contemplant ces lointains d’ici que nous est venue la vue. Nous nous voyons dedans quand nous n’y sommes pas. C’est pour ça qu’il a fallu quitter le pays. Qu’il a fallu partir de notre terre. Il a fallu s’en aller de tous les territoires pour les voir. Les contempler à l’horizon depuis la fenêtre. On a même finit par s’inventer des fenêtres. Ce sont les fenêtres où l’on créait tous ces lieux. Et les fenêtres étaient dans nos têtes. Les fenêtres et les lieux. Tous ces lieux que personne n’a traversés. Alors que tout le monde y est né. Tout le monde vient de là. Tout le monde vient de sa pensée. Toute la pensée vient des paysages que l’on a créés de nos mains. Toutes nos pensées remontent depuis nos mains. Tout le monde vient d’une vie intérieure qui finit par sortir. Le monde sort dans ses pensées. C’est ainsi qu’il naît. Il parcourt le pays de sa pensée et il se réalise dedans.
La vie naît dans un trait.
(texte de Charles Pennequin 2022)